Tu connais cette sensation de flemme au travail ?
Ce moment où ton cerveau refuse de coopérer. Où ton corps préfère rester collé à ta chaise. C’est universel, sans distinction d’âge ou de statut.
Mais attention, la flemme n’est pas qu’une simple paresse passagère. Une étude Ifop de 2022 sonne l’alarme. Elle révèle que 30 à 45% des Français se sentent moins motivés qu’avant le Covid. Les chercheurs parlent même d’une “épidémie de flemme“.
Dans le monde pro, ça se traduit par un vrai désengagement. 37% des salariés avouent une baisse de motivation professionnelle. C’est énorme, non ?
Alors, simple coup de mou ou véritable crise de sens ?
La flemme, une vieille connaissance
La flemme n’est pas née hier. Au Moyen Âge, on parlait déjà du “phlegme”. À cette époque, la médecine reposait sur la théorie des humeurs. Selon cette théorie, le corps humain était constitué de quatre fluides principaux : le sang, la bile jaune, la bile noire et le phlegme. Ce dernier, dérivé du mot grec “phlegma” signifiant “mucus”, était associé à un comportement calme et stoïque. On pensait que l’excès de phlegme dans le corps rendait une personne apathique et inactive, ce qui a donné naissance à la connotation actuelle de la “flemme” comme un manque de motivation ou d’énergie.
Mais aujourd’hui, la flemme au travail prend une nouvelle dimension. Elle devient un phénomène social, un marqueur de notre époque. Elle questionne notre rapport au travail, à la société, à nous-mêmes.
La pandémie, catalyseur d’une prise de conscience
La pandémie de Covid a tout chamboulé. Elle a créé un avant et un après dans notre rapport au boulot. Selon une étude de la Dares, le télétravail est passé de 4% en 2019 à 27% en 2021.
Un bond spectaculaire !
Cette nouvelle réalité a ouvert les yeux de beaucoup. Plus de temps à la maison, moins de contraintes sociales. On a goûté à un autre rythme de vie. Et devine quoi ? On a aimé ça !
Le choc des priorités
Le chômage partiel a touché 11,3 millions d’actifs. Plus d’un salarié sur deux ! Cette pause forcée a été un électrochoc pour beaucoup. On s’est rendu compte qu’on pouvait vivre différemment. Que le travail n’était pas tout.
Dans la restauration et l’hôtellerie, ça a été la douche froide. Beaucoup ont réalisé qu’ils ne voulaient plus sacrifier leurs week-ends en famille. La reconversion professionnelle est devenue un sujet brûlant.
Cette période a aussi déclenché une vague de reconversions professionnelles. Un professeur de management de l’université Rexas A&M University, Anthony Klotz, parle de “Grande Démission“. Les gens ont pris le temps de réfléchir. De rêver à une carrière plus alignée avec leurs valeurs.
Une crise de sens plus profonde
Mais attention, la pandémie n’a fait qu’accélérer un mouvement déjà en marche. La valeur du travail décline depuis 30 ans. Selon cette étude, en 1990, 60% des Français trouvaient le travail “très important”. Aujourd’hui ? Seulement 21%.
Ce changement traduit une quête d’équilibre vie pro-perso. En 2008, 62% des salariés préféraient plus d’argent et moins de temps libre. En 2022, c’est l’inverse !
La jeunesse en première ligne
Les jeunes sont en première ligne. Grosse fatigue ou épidémie de flemme ? 40% des 25-34 ans se disent moins motivés qu’avant le Covid. C’est aussi la génération du “quiet quitting“. Ils en font le minimum, sans se faire virer.
Mais ne vous y trompez pas. Ce n’est pas de la paresse. C’est une remise en question profonde du système. Ces jeunes ont vu leurs parents se tuer au travail, parfois pour se faire licencier. Ils aspirent à autre chose.
Les racines du malaise
Cette crise couvait depuis longtemps. L’accélération des rythmes de travail dans les services y est pour beaucoup. On a voulu standardiser le tertiaire comme l’industrie. Résultat ? Un stress croissant et une perte de sens.
Les crises financières à répétition n’ont rien arrangé. Elles ont créé un climat d’instabilité permanente. Comment se projeter quand tout peut s’effondrer du jour au lendemain ?
Vers un nouveau rapport au travail
Cette révolution silencieuse reflète une crise existentielle plus large. La santé mentale au travail devient une préoccupation majeure. Les crises successives ont érodé notre résilience.
L’évolution du rapport au travail est profonde. On ne veut plus vivre pour travailler, mais travailler pour vivre. La quête de sens devient primordiale. 84% des Français jugent le travail important, mais pas à n’importe quel prix.
La quête d’autonomie
Les nouvelles générations sont particulièrement exigeantes. Elles veulent de l’autonomie, du sens et une rémunération juste. Le rapport de force s’inverse. Les entreprises doivent s’adapter.
Cette quête d’autonomie n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans un mouvement historique. Les congés payés, la retraite à 65 ans, les 35 heures… Autant d’étapes vers plus de liberté individuelle.
Le sens, nouvelle boussole
Le sens du travail devient crucial. On ne veut plus juste gagner sa vie. On veut contribuer à quelque chose de plus grand. Les entreprises l’ont bien compris. Elles mettent en avant leur mission, leur impact social et environnemental.
Mais attention aux effets d’annonce. Les salariés sont de plus en plus critiques. Ils veulent du concret, pas juste des belles paroles.
Les défis pour le monde du travail
Face à cette quête de sens, le monde pro doit se réinventer. La qualité de vie au travail devient cruciale. Le respect de chacun, la diminution du temps de transport, le sens du travail… Tout ça restructure la société du travail.
Repenser l’organisation du travail
Le télétravail a montré qu’on pouvait faire autrement. Mais ce n’est pas une solution miracle. Il faut repenser l’organisation du travail dans son ensemble. Comment garder le lien social ? Comment mesurer la performance ? Autant de questions à résoudre.
Les entreprises doivent aussi revoir leur management. Fini le contrôle permanent. Place à la confiance et à l’autonomie. Un vrai défi culturel pour beaucoup !
L’épanouissement, nouveau Graal
La liberté individuelle prend le pas sur tout le reste. Les auto-entreprises se multiplient, souvent en parallèle d’un emploi salarié.
L’épanouissement devient le nouveau Graal. On veut se sentir bien au travail. Ça passe par un environnement agréable, des relations saines, des tâches stimulantes. Les entreprises l’ont compris. Elles rivalisent d’imagination pour attirer et retenir les talents.
Formation et reconversion, les nouveaux enjeux
Dans ce monde en mutation, la formation devient cruciale. Il faut pouvoir s’adapter, évoluer, se réinventer. Les entreprises qui investissent dans la formation de leurs salariés ont tout à y gagner.
La reconversion professionnelle n’est plus un tabou. C’est même valorisé. Ça montre une capacité d’adaptation, une ouverture d’esprit. Les parcours linéaires ne sont plus la norme.
Les implications sociétales
Cette révolution du travail a des implications bien au-delà de la sphère professionnelle. C’est toute la société qui est en train de se transformer.
Repenser la ville
Avec le télétravail, on repense l’organisation des villes. Fini les méga-bureaux vides le soir. Place aux espaces de coworking, aux tiers-lieux. On veut des villes plus vertes, plus conviviales, plus humaines.
L’exode urbain prend de l’ampleur. On rêve de campagne, de nature, de qualité de vie. Un défi pour l’aménagement du territoire.
Redéfinir la réussite
La réussite ne se mesure plus seulement à l’aune du salaire ou du statut. On valorise le temps libre, les expériences, l’épanouissement personnel. Un changement de paradigme qui bouleverse nos repères.
Vers une société du care ?
Cette quête de sens pourrait nous mener vers une société plus attentive aux autres, à l’environnement. Une société du “care”, comme disent les anglophones. Un monde où la bienveillance et l’entraide priment sur la compétition.
Utopie ? Peut-être.
Mais c’est une aspiration profonde de nombreux citoyens. Et ça pourrait bien façonner le monde de demain.
Conclusion
En conclusion, la flemme au travail n’est pas qu’un simple coup de mou. C’est le symptôme d’une profonde remise en question de notre rapport au travail. Une révolution silencieuse est en marche. À nous de la saisir pour créer un monde du travail plus épanouissant et porteur de sens.
Cette révolution ne se fera pas sans heurts. Elle bouscule des habitudes ancrées, des intérêts établis. Mais elle est porteuse d’espoir. L’espoir d’un travail plus humain, plus respectueux de nos aspirations profondes.
Alors, la prochaine fois que tu sentiras la flemme au travail monter, ne culpabilise pas. Vois-y plutôt une invitation à te questionner. Partage en commentaire ce que cherches-tu vraiment dans ton travail ? Ce qui te motive, te fait vibrer ?
C’est peut-être le début d’une belle aventure. La tienne, celle d’un travail qui a du sens. Pour toi, et pour le monde.
Merci pour ton article très juste qui résonne complètement en moi !
J’ai vu ma mère faire une dépression et se tuer au travail en menant de front 4 postes au sein de sa société pour 1 seul salaire, rattrapé qui plus est par le SMIC.
Depuis, c’est la devise que j’ai et que je me répète : “je veux travailler pour vivre, je ne veux pas vivre pour travailler”. Et tu l’as très justement évoquée !
Le “quiet quiting” est un phénomène que l’on rencontre de plus en plus. Mais certainement parce que notre mode de vie actuel n’est pas du tout celui sur lequel nous vivions bien des années en arrière… Je pense que nous nous sommes trop éloignés des principes de base de notre vie humaine : travailler la terre pour avoir juste ce qu’il nous faut ; vivre ensemble et se protéger les uns les autres ; partager nos savoirs et nos récoltes ; prendre le temps de profiter de la vie et de ses merveilles.
Merci pour le commentaire. Je pense que l’on a vu une génération parfois s’user au travail pour une retraite promise douce. Notre approche du travail est différente et je pense que l’on veut aussi retrouver du plaisir dans une activité que l’on peut faire 8 heures par jour. Ce blog a aussi pour vocation de proposer des solutions pour retrouver du temps pour ce qui est important pour nous.
Merci pour cet article fort intéressant 🙃 La perception du travail semble être un sujet sensible et qui divise bon nombre d’individus sur la question. Dans mon entourage, je me heurte à la question du mérite lié au fait d’être suractif, débordé et dans la contrainte. J’ai choisi de lier liberté et travail passion et je sens bien que ça fait déclencher une crise de scepticisme incroyable qui donne l’impression que je flotte sur une autre planète 🤭 Pour ma part, le plus dur est d’accepter le regard des proches sur mon style de vie et mon état d’esprit 🚀
C’est une étape clé, les mentalités changent mais le rapport au travail peut être vraiment différent entre les personnes et générer parfois de l’incompréhension. Finalement, on ne vit pas pour les autres. Il est important d’être en phase avec ses valeurs.
Hello 🙂 Merci pour cet article. En effet je ne pense pas que ce soit la pandémie le déclencheur de ce mouvement, mais ça a été un moyen d’accélerer une tendance déjà en cours. Mon rapport au travail a complétement changé, même si mon ancien métier était plus que fort de sens : professeur dans le secondaire. Mais cela ne cochait pas les cases importantes pour moi aujourd’hui, avec un management plus que douteux…
Je suis maintenant ma propre patronne et je suis plus que satisfaite d’avoir construit mon métier sur mesure 🙂
Merci Laura pour le commentaire. Oui la pandémie a été un accélérateur d’une tendance. Les personnes ont quitté temporairement la rate race et ont (enfin) pris le temps de prendre du recul. Reprendre le contrôle de son destin est vraiment une source de satisfaction.
Merci pour cet article ! J’ai choisi mon travail de blogueuse uniquement pour des raisons personnelles en effet : travailler d’où je veux quand je veux (notamment pour voyager davantage). Et c’est génial ! Pas de flemme au travail, même si ça peut parfois se transformer en “travailler partout, tout le temps”.
Merci Katell pour le commentaire. Bravo pour avoir réussi! Oui en ayant un métier en phase avec ses valeurs, on peut se retrouver dans un excès de travail. A près si on n’a plus l’impression de bosser 😛
Merci pour cet article ! Je me retrouve complètement dans ce besoin de sens et d’avoir du temps pour moi, pour ma famille et mes amis dont tu parles. C’est aussi quelque chose que je vois souvent aussi autour de moi quand j’en parle avec des amis. Merci pour la conclusion optimiste, peut-être que la période Covid apportera des évolutions positives dans le monde du travail finalement 🙂
Merci Florian pour le commentaire.
Merci pour cet article très instructif. Cela m’a fait réfléchir à ma propre situation pour savoir si la pandémie avait changé quelque chose dans mon rapport au travail. Je n’avais pas pris conscience de certains points alors merci !
Merci pour le commentaire. Heureux que cet article t’ai aidé dans ta réflexion
Merci Freddy pour cet article inspirant. Je partage totalement ta vision pour une société du « care », comme disent les anglophones. Un monde où la bienveillance et l’entraide priment sur la compétition. Un article qui fait à quelque part écho à mon dernier article “Comprendre et Agir pour un monde meilleur”. Bravo et Merci !
Merci Fabienne pour le commentaire. J’aime à dire que 1+1=3 et que c’est souvent en jouant collectif que l’on avance le mieux.
Merci Freddy pour ton article qui révèle tant de vérités. Nous avons nous-mêmes vécu et observé tout ce que tu décris si bien. Ton expertise de la flemme au travail est très juste et pleine d’empathie. Une nouvelle ère de l’information est déjà en chemin, c’est clair !
Merci Freddy pour cette analyse qui me semble très juste actuellement. On pourrait peut-être ajouter qu’aujourd’hui, il n’y a plus la pression des niveaux de base de la pyramide de Maslow, comme c’était le cas dans l’après-guerre ou dans de nombreux pays en voie de développement.
La génération Z arrive avec une autre vision du monde et de la vie, et force est de constater qu’elle est aujourd’hui plus juste que celle qu’ont encore souvent leurs parents et grands-parents.
En espérant que cette situation de relative aisance économique perdure chez nous, nous avons tout intérêt à en profiter.
Merci Dieter pour ce complément. En effet et comme tu le précises, ayant un confort répondant au niveau inférieur de la pyramide de MASLOW nous cherchons à atteindre le palier “Besoin d’accomplissement de soi”. Plus difficile à atteindre. Cela explique aussi que malgré un confort très supérieur aux générations précédentes, de nombreuses personnes se trouvent en situation de mal-être.
Je comprends, à l’école, on nous enseigne souvent des connaissances dépassées.
Les générations d’actifs en place utilisent des méthodes obsolètes. Il suffit de voir la gestion des emails dans les collectivités…
La pandémie nous a surtout révélé que :
Nous avons été bercés dans une illusion collective de sécurité.
La génération de nos parents (j’ai 44ans) ne nous a jamais préparés à gérer des crises, car ils ont vécu dans un monde de paix.
À quoi bon espérer un emploi à vie, une maison, un mariage, quand on prend conscience des grandes crises ?
Il n’y a pas de fatalité.
Avec l’éducation accessible (comme les blogueurs qui partagent des formations de qualité), tu peux accéder aux meilleurs experts depuis chez toi et former d’autres personnes à distance.
En automatisant un maximum les tâches répétitives, tu peux apporter de la valeur, gagner un temps précieux et te consacrer à d’autres choses.
En résumé, la quête de sens est simple à comprendre :
Si tu ne décides pas de qui tu veux devenir et de forger ton propre destin (par l’entrepreneuriat), la société t’assignera un rôle, via l’école, la spécialisation, et le métier.
Je pourrais développer davantage mes idées dans un article de blog, mais je tiens à souligner l’importance de prendre en main son avenir.
Je tiens également à souligner que cela fait plaisir de voir ce genre de réflexion sur ton blog 😉
Merci Thomas pour ton expertise et le partage détaillé. Je partage ton point de vue. Comme tu le notes tout n’est que cycle, l’histoire l’a démontré par le passé. Le temps d’un oubli collectif, des crises que l’on pensait improbable (puisque l’on a appris) peuvent réapparaître. Finalement développer l’agilité est aussi une bonne qualité pour tout entrepreneur.
Vraiment excellent.
Merci Xavier!
Super article Freddy, merci !
J’ai beaucoup aimé ta réflexion globale sur les racines de la flemme et ce que cela traduisait sur les évolutions du monde du travail.
Que penses-tu de l’impact de notre recherche de dopamine et des stimulations externes permanentes ? Je pense particulièrement aux écrans.
Pour moi cela a largement entamé notre capacité à nous concentrer, qui bien souvent se confond avec la flemme.
Au plaisir de lire tes prochains articles !
Merci pour le commentaire. Notre société nous bombarde sans cesse de dopamine par les excès de sucre, de like ou autres récompenses. Finalement on navigue sans cesse dans la recherche des sensation à court terme sans recadrer sa vision à long terme. On passe sa journée au travail qui ne nous motive plus et l’on attend sa soirée pour profiter “décompresser” et avoir sa dose de récompenses… cela peut durer longtemps.
Concernant la concentration, j’ai rédigé un article https://le-labo-de-la-productivite.fr/7-peches-capitaux-perte-de-concentration/ qui décrit tous les éléments pouvant nuire à notre concentration.
Je me retrouve totalement dans cette idée de “flemme au travail” qui va bien au-delà d’un simple manque de motivation.
C’est comme une prise de conscience collective : on cherche plus de sens, d’équilibre, et d’épanouissement.
Ce texte m’a vraiment poussé à réfléchir sur ce qui me motive vraiment et sur ce que je veux accomplir dans mon travail. Peut-être est-il temps de réévaluer mes priorités ?
4o
Merci Stéphanie. c’est déjà une bonne étape de se poser la question. Pour clarifier tes objectifs, je t’invite à lire les astuces 1 et 2 de l’article https://le-labo-de-la-productivite.fr/7-astuces-ultimes-parvenir-objectifs/
J’aime beaucoup cet angle choisit par l’article. La flemme serait un indicateur, un signal d’alerte qu’il faut changer quelque chose.
Il y a le signal (la flemme) et aussi les multiples explications (que vous donnez d’ailleurs dans votre article). Et là c’est plus difficile à identifier 😅